Construite à l’époque romane mais sur un site vraisemblablement connu dès l’Antiquité, la chapelle a connu de nombreuses modifications. Elle est classée depuis 1981.
La chapelle Saint Bonnet occupe une situation privilégiée dans le Beaujolais, à 676 m d’altitude. Elle domine le village de Montmelas au sud-est, la vallée de la Saône et la plaine de l’Ain à l’est. On admire les monts et vignobles du Beaujolais au Nord-Nord-ouest, les monts de Tarare et du Lyonnais au sud-Ouest. Plus loin, à l’Est, les monts du Bugey, le Mont Blanc.
Le Moyen-Age
La chapelle originelle a été construite à l’époque romane. On ne connaît pas exactement la date de son édification mais on sait qu’elle faisait partie d’un prieuré peut-être édifié sur un ancien camp celtique.
La première mention que l’on ait retrouvée, à ce jour, date d’avril 984. Il s’agit de l’acte de donation par Hugo et son fils Arthaud de plusieurs tènements, dont l’église dédiée à « Sanctae Mariae » située sur le « Monte Melardo » et de toutes ses possessions, à l’abbaye de Cluny.
Le prieuré, connu sous le nom de Saint-Saturnin, dépendait du prieuré de St Irénée, selon confirmation du Pape Eugène III dans sa bulle du 16 décembre 1150 dans laquelle étaient listées toutes les possessions du prieuré, dont « Sancti Saturnini ».
En 1378-1379, Guidonne de Chassa en est le prieur : « l’église est sans feu, la source est ouverte mais sans eau ; la maison du prieuré est détruite. » Les pouillés (sous l’Ancien Régime, tableau des bénéfices dépendant d’une cure, d’une abbaye, d’un diocèse, d’une province) du diocèse de Lyon signalent que l’église Saint Saturnin est une église prieurale ; le prieur sera nommé jusqu’au XVIIIème siècle. Ensuite, c’est le prieur de St Irénée qui le remplacera.
En 1392, un représentant de l’abbaye de Cluny, à l’occasion de sa visite du prieuré de Salles, cite l’abbaye de Saint Saturnin, prieuré de chanoines réguliers de Saint Augustins.
Les Temps Modernes
D’après Nicolaï, le prieuré primitif était encore, en 1573, au sommet de la montagne, autour de l’église.
En 1657, lors de sa visite pastorale, Camille de Neuville, archevêque de Lyon, écrit « Saint Sorlin (autre nom de Saint Saturnin) est un prieuré appartenant à Alexandre d’Arod, Chanoine de Saint Paul de Lyon et dépendant de Saint Irénée. …. L’église est belle, toute voulté et bien pavé… ». La paroisse compte 38 communiants. (on considère, à cette époque, que le nombre d’habitants correspond à deux fois le nombre de communiants).
La chapelle restera église paroissiale jusqu’en 1737.
En 1737 elle est en mauvais état et, compte tenu de son éloignement du bourg de Saint-Sorlin, Mgr de Rochebonne ordonne de ne plus la considérer comme une église paroissiale et décide de rebâtir une église plus proche du village, mais cela ne se fera pas avant 1813.
L'Epoque Contemporaine
Chapelle de prieuré et de pèlerinage avec source, elle reste cependant un lieu de pèlerinage où l’on vient prier Saint Bonnet. Les pèlerinages avaient lieu le lundi de Pâques et le 15 janvier, jour de la fête de Saint Bonnet. Les paysans de la région et de la Bresse venaient demander la protection des récoltes et du bétail contre les maladies et, pour eux-mêmes, la guérison de la goutte et des maux de tête. Ces pèlerinages étaient l’occasion d’un déjeuner sur l’herbe et la journée se terminait par un grand bal. Dans le journal La Liberté de septembre 1866, on peut lire : « Le Journal de Villefranche rapporte qu’à la fête de Saint-Bonnet-sur-Montmelas, le bal champêtre a été ouvert par Mme Dugelay, qui, malgré ses 99 ans, « a voulu danser le premier branle. » »
On ne sait pas exactement quand la chapelle a été dédiée à Saint-Bonnet, évêque de Clermont au VIIIème siècle. Bon ou Bonnet est né vers 623 en Auvergne. Il est nommé évêque de Clermont vers 689 à la mort de l’évêque Avit, son frère.
Mettant en avant son don de conciliateur, le Pape le nomme légat pour régler, en son nom, les conflits.
Retiré à l’abbaye de l’île Barbe, il meurt le 15 janvier 706. Son corps, gardé plusieurs années à Lyon, exposé à la piété populaire, est transféré à Clermont vers 712 laissant son nom à toutes les étapes où ses restes sont vénérés. Il semble que la chapelle « Santae Mariae » ait fait partie de ces étapes.
En 1757, suite à un litige entre le curé de Saint Saturnin, Barthélémy Frediffond, et un paysan au sujet de la dîme qu’il devait, la porte de la chapelle est fracturée et les reliques de Saint-Bonnet disparaissent.
La chapelle de Saint Bonnet, d’architecture romane, a été remaniée aux XIIème, XIIIème et XVIIème siècles. Le clocher carré, massif, repose sur des portiques en plein cintre, intégrés dans la maçonnerie. Le portail latéral est orné par deux chapiteaux. L’abside comporte cinq pans.
En 1857, le maire de Saint-Sorlin demande au ministère de l’intérieur une subvention pour réparer le clocher, mais celui-ci refuse, arguant du fait que la chapelle n’étant pas église paroissiale, doit être entretenue par les paroissiens et non par l’Etat. Cependant, la commune effectuera un certain nombre de travaux, tels que la réfection de la toiture en 1860, afin de limiter la dégradation de la chapelle.
Dans l’église, au-dessus du tabernacle en bois, il y avait une statue de Notre Dame de Délivrance tenant l’enfant Jésus par la main et de chaque côté du chœur, deux petits autels surmontés, l’un d’une statue de Saint Bonnet dont une main était cassée et l’autre de deux anges en bois datant de l’époque de Louis XV.
Au XIXème siècle, le clocher a été utilisé comme station du télégraphe Chappe. Théodore OGIER écrit en 1856, dans son livre « la France par cantons et communes » que le clocher était surmonté d’une flèche qui fut démolie pour y installer le télégraphe. Cette invention nécessitait l’utilisation d’une tour ou d’un bâtiment haut. Ces édifices communiquaient entre eux grâce à un système de bras articulés qui transmettaient, d’une station à l’autre, des messages par le biais de signaux codés.
La station de Montmelas-Sant-Sorlin (entre celles de Theizé et Marchampt) était la 7ème station du réseau LYON-PARIS.
La chapelle a été classée au titre des monuments historiques le 18 décembre 1981.
Au cours de ces dernières années, la chapelle n’a cessé d’être dégradée par de nombreux « promeneurs » qui l’ont pillée, n’hésitant pas à faire des « barbecues » à l’intérieur. Elle nécessite de gros travaux de restauration afin de consolider sa structure, refaire les toitures et rendre à son intérieur l’aspect d’un lieu de culte qui a duré plus d’un millénaire.
Il reste de très nombreuses archives à consulter.
Le texte ci-dessus est issu de la compilation des :
- archives départementales du Rhône
- cartulaires de l’abbaye de Cluny
- Bulletins de la société des Sciences et des Arts de Villefranche (notamment articles de Irénée MOREL de VOLEINE)
- Des almanachs du Beaujolais (notamment articles de M. BALLOFFET)
- Archives municipales de Montmelas
- De divers écrits trouvés sur le site GALLICA.
- Diverses informations transmises par les habitants de Montmelas et Philippe Branche.
- archives municipales de Lyon