Les fouilles archéologiques de la chapelle Saint Bonnet

Les fouilles menées par l’INRAP ont été menées autour de la chapelle, à l’intérieur et sur le bâti. Elles ont notamment mis au jour des sépultures.

La campagne 2020

Des fouilles archéologiques, pourquoi faire ?

Quand on ne connaît pas très bien l’histoire d’un lieu, notamment parce qu’on ne dispose pas de sources écrites à son propos, on s’appuie sur diverses campagnes de fouilles archéologiques qui ont été réalisées sur le site et dans ses environs. Des recherches archéologiques peuvent également être programmées quand des travaux sont effectués sur un bâtiment, classé ou inscrit au titre des monuments historiques. La Direction des Affaires culturelles demande alors à ce qu’un diagnostic archéologique soit réalisé pour s’assurer que les travaux ne vont pas avoir de conséquence néfaste sur le site. Ce travail est généralement confié à l’INRAP, l’Institut National de Recherche en Archéologie Préventive. Le diagnostic est plutôt léger, il est réalisé à différents endroits du site où les travaux sont susceptibles d’être menés. Dans le cas de la chapelle, comme il était prévu de creuser des canalisations pour évacuer les eaux de pluie, les archéologues ont creusé à différents endroits préalablement identifiés autour de la chapelle pour s’assurer que des choses intéressantes ne se trouvaient pas dessous.

Dans le cas de la chapelle Saint-Bonnet, le diagnostic réalisé en août 2020 par l’INRAP a permis de constater plusieurs choses :

Des sépultures ont été découvertes près de la porte Nord de la Chapelle.
Les pierres utilisées pour la porte romane (côté Sud) ne sont pas d’origine, il s’agit d’un réemploi.
Il y a eu de nombreux remaniements au cours de la longue histoire de la chapelle.

L’histoire de la chapelle continue de s’écrire

Les archéologues sont extrêmement prudents avec les données qu’ils parviennent à extraire de leur fouille. Dans la majorité des cas, elles amènent plus de questions que de réponses mais rendent encore plus passionnante l’enquête sur l’histoire du bâtiment. En l’absence de source écrite plus abondante, il est difficile d’afficher des certitudes sur l’évolution du site mais le diagnostic permet d’échafauder des hypothèses que d’autres fouilles ou de nouveaux documents viendront conforter. Concernant les découvertes citées ci-dessus, voici ce que l’on pourrait interpréter. La présence de sépultures, au nombre de trois, permet d’envisager l’existence d’un cimetière. Le sondage a été fait sur une toute petite parcelle mais il est fort probable que d’autres tombes entourent la chapelle, qui ne devait d’ailleurs pas être une chapelle mais plutôt une église ou un prieuré. Les éléments qui composent la porte romane datent probablement du XII^e siècle mais l’emplacement de la porte en lui-même est plus récent. Cela indique que la porte a été reconstruite avec les pierres d’une ancienne porte romane sans doute déjà sur place. L’archéologie du bâti étudie précisément l’imbrication des pierres les unes avec les autres. Quand il y a des ruptures dans l’homogénéité d’un mur, on est en droit de penser qu’il y a eu plusieurs phases de constructions, de réparations ou de restructurations. Tout d’abord, il faut identifier le mur le plus ancien. C’est celui sur lequel s’appuient tous les autres. Ensuite, il faut observer les orientations et maçonnerie, révéler des ouvertures bouchées, etc. On constate alors qu’une porte a été bouchée, qu’une autre plus récente a été créée, ou qu’un mur dont on voit encore le commencement a été détruit. Plus intéressant encore, ces observations ont permis de comprendre qu’à une autre époque, la nef de la chapelle se trouvait de l’autre côté de la tour du clocher, ce qui fait qu’elle devait être orientée vers l’Est… Pour quelles raisons y avait-il un cimetière autour de la chapelle ? Pourquoi n’est-elle pas restée une église ? Est-ce qu’elle avait une place importante dans la région ? Pourquoi la nef a-t-elle été changée de place ? L’archéologie à elle seule ne peut répondre à toutes ces interrogations. C’est à l’appui de nouveaux documents ou de fouilles archéologiques plus pointues que nous pourrons y répondre. Suite au diagnostic archéologique de 2020, des fouilles archéologiques ont été programmées en 2022 dont nous attendons avec impatience le compte-rendu…